- AVALOKITESVARA
- AVALOKITESVARAC’est l’une des plus belles figures mythiques du Grand Véhicule bouddhique. Il personnifie la miséricorde, la compassion; il protège voyageurs, malades et mourants; il est «passeur» (t ra ) des âmes après la mort. Très populaire dans tout le monde bouddhique, son culte s’est étendu géographiquement du Baïkal à Ceylan, et du Caucase au Japon et en Indonésie. Au cours des XIIe et XIIIe siècles, au Yun-nan, au Cambodge et dans la partie orientale de Java, Avalokite ごvara fut la divinité tutélaire des souverains; depuis le XVe siècle, au Tibet, le dalaï-lama est considéré comme l’incarnation d’Avalokite ごvara.Le mot «Avalokite ごvara» vient du sanskrit ava , de haut en bas; lokita , racine lok , voir, regarder; 稜 ごvara , seigneur, maître, donc «Seigneur qui regarde d’en haut», sous-entendu «avec commisération»; il est appelé aussi Loke ごvara (loka , monde visible, 稜 ごvara ). La traduction du terme varie selon les pays asiatiques; en Chine, Kouan (che) yin, Kouan-tseu-ts’ai; au Japon, Kwannon, Kannon; au Vietnam, Quan An; au Tibet, Chenresi.Avalokite ごvara apparaît dans les textes et les documents figurés vers les débuts de l’ère chrétienne. Les plus anciens recueils qui le mentionnent – les deux Sukh vat 稜vy ha , «Développement sur l’Heureuse» (nom du paradis d’Amit bha) et l’Amit yur-buddh nusm リti , «Souvenir sur le bouddha Amit yus» – auraient été traduits du sanskrit en chinois soit vers les IIe-IIIe siècles, soit plus probablement au Ve; Avalokite ごvara y est déjà associé au bouddha de l’Ouest, Amit bha ou Amit yus (c’est pourquoi certains auteurs modernes lui supposent une origine iranienne, contestée par ceux qui voient en lui un reflet de notions purement indiennes). Le célèbre «Lotus de la Bonne Loi» (Saddharmapun ボar 稜ka ) contient un chapitre, «Exposé des transformations d’Avalokite ごvara», nommé «Qui fait face à tout», peut-être interpolé, mais qui figure pourtant dans les traductions chinoises dès le Ve siècle. On y trouve entre autres les «litanies» d’Avalokite ごvara dont le nom invoqué libère de tous dangers, et l’affirmation qu’Avalokite ごvara peut revêtir n’importe quel aspect pour convertir les êtres. Avalokite ごvara détient et enseigne la «formule en six syllabes» o ュ ma ユi padme h ュ , par laquelle il est encore invoqué aujourd’hui. Les S dhana , textes d’évocation (VIIe-XIe siècles), exaltent souvent cette même formule et renferment des descriptions d’Avalokite ごvara; son iconographie révèle parfois une influence çivaïte.En iconographie, les caractéristiques principales d’Avalokite ごvara sont la présence, dans sa coiffure, d’un bouddha, généralement en méditation, et de la fleur de lotus, nelumbium (padma ), que porte sa main gauche, et qui lui vaut le surnom de Padmap ユi («main au lotus»). Il revêt des formes innombrables, la plus simple étant celle à une face et deux bras, la main droite faisant un geste soit de sauvegarde, soit de don, la main gauche tenant le lotus; il peut alors être entouré d’assistants, ou encadré par les «périls» dont il délivre ses fidèles. La forme la plus complexe illustre plastiquement l’épithète «Qui fait face à tout»: elle comprend onze visages correspondant aux onze directions (points cardinaux, collatéraux, zénith, nadir, centre) et (symboliquement) mille bras dont la plupart sont disposés en auréole et dont chaque paume de main est marquée d’un œil, dénotant le geste qui secourt, dès que le regard a vu la détresse à secourir. Très répandue au Népal et au Tibet, cette forme y a reçu une interprétation ésotérique. En Chine, peut-être par contamination avec une déesse mère, Avalokite ごvara est souvent représenté sous l’aspect féminin de la Kouan-yin, donneuse d’enfants.
Encyclopédie Universelle. 2012.